Alixe Fu “Portraits métissés, d’hier et d’aujourd’hui“

Christian Noorbergen‍  le 01 avril 2015

Artiste planétaire aux sources plurielles, libre de tout dogme, Alixe Fu étreint à cœur l’humanité. Son art extrême, audacieux et transparent, est sans frontière, au dehors comme au dedans. Son espace-temps, prodigieux de souplesse et de fluidité, n’a pas d’horizon, sinon celui d’une peinture ouverte sur tous les possibles de la création, et d’une sculpture inventive, solidaire et généreuse.

Qu’un même artiste expose en même temps ou presque, à Paris, dans le Marais, une des âmes de la capitale française, à Pékin, ville forte du XXI ième siècle, et à Taipei, littéralement la grand Ville du Nord de Taïwan, est une merveilleuse preuve d’une libre appartenance aux plus belles valeurs du monde. Et de l’ouverture créatrice de l’artiste, apte à toucher des sensibilités culturelles différentes.

Depuis 1991, Alixe Fu possède un bel atelier à Auvers-sur-Oise, lieu de vie et de mort de Vincent Van Gogh, à qui Akira Kurosawa ( “Rêves“ ) rendit un hommage onirique et somptueux, dans un de ses derniers films, en 1990. Ce pied-à-terre en France n’explique pas la renommée d’Alixe Fu en Europe, s’il n’y avait l’étendue et la qualité de sa création. Alixe Fu expose une nouvelle fois chez Marie Vitoux, une grande galeriste et une grande dame de l’expressionnisme contemporain, rencontrée en 1990. Marie Vitoux a exposé les plus grands, de Jean Rustin à Lydie Arickx, de Maurice Rocher à Franta, ou encore de Serge Labégorre à Olivier de Sagazan… Cependant l’actuelle exposition d’Alixe Fu, dont les débuts furent marqués par l’expressionnisme ( il aime beaucoup Klimt et Egon Schiele ), plonge ses racines dans le plus riche passé de l’art occidental.

Alixe Fu ne se moque pas des œuvres anciennes dans lesquelles il voyage. Un trop rapide regard pourrait même laisser croire que rien, ou presque, n’a changé. L’essentiel est respecté : l’œuvre d’hier, même abîmée et restaurée par l’artiste, est maintenue dans sa vérité d’origine, et l’effet d’art initial garde sa présence première. Mais l’impact créé est tout autre…

Discrètes, pudiques et déterminantes sont les interventions magiques d’Alixe Fu. Métamorphoses retenues et maîtrisées qui n’écrasent rien, mais modifient en profondeur, et subtilement, l’ordre apparent du monde. Si les œuvres choisies ne sont pas les plus référencées de l’histoire de l’art, c’est par estimable respect, pour ne pas s’emparer de références absolues, parfois destinées, chez d’autres, à servir de faire-valoir, ou pire, de repoussoir, pour exister à bon compte dans le registre ressassé de l’iconoclastie. On reconnaît à l’évidence, par exemple, tel portrait d’Henri IV, ou telle peinture symboliste, mais une vie d’art très différente l’anime désormais Une nouvelle peinture est née, passerelle entre deux mondes, celui d’hier et celui d’aujourd’hui. Une étendue, insondable et habitée, vibrante et tonique apparaît. La verticalité classique, d’équilibre et d’harmonieuse, mais un rien statique, s’est totalement transformée Le scalpel d’un chirurgien rêveur est intervenu, il a troublé l’édifice du passé pour qu’un tremblement de peinture, aventureux, impulsif, et parfois même drolatique, ose recréer l’univers. Le sujet d’origine, installé comme il se doit au premier plan du visuel, laisse toute sa place à l’arrière-monde enchanté d’Alixe Fu. Et la peinture éblouit l’espace.

 

Christian Noorbergen
le 01 avril 2015

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